• Habiter en régime de canicule
    Oct 23 2024

    Les Mercredis de l'Anthropocène, une heure pour débattre des grands enjeux du changement global avec nos invités. Cette semaine Valérie Disdier reçoit Yasmine Bouagga, maire du 1er arrondissement de Lyon, Alain Vargas, Architecte (Tectoniques) et Kamel Righi, architecte (EPAU, Alger).

    Yasmine Bouagga - "Lyon est une des villes en France qui est les plus concernées par le réchauffement climatique et l'intensification des vagues de forte chaleur".

    Yasmine Bouagga - « On ne peut pas répondre au problème de la surchauffe par un déploiement non régulé de de la climatisation (…) Et donc il y a un vrai enjeu à trouver des techniques pour rafraîchir les bâtiments qui n'aggravent pas l'effet de de surchauffe (…) et qui ne créent pas une pollution thermique dans la ville »

    Kamel Righi - « Ce qu'on appelle aujourd'hui la Casbah d'Alger au singulier recèle plusieurs réalités au pluriel »

    Kamel Righi - « Les chercheurs disent que la ville de Lyon aura l’actuel climat d'Alger dans pas très longtemps »

    Kamel Righi - « Très peu d'études s'intéressent aux bâtiments qui demeurent jusqu'à présent dans un relativement bon état. C'est justement ici où se situent tous les enseignements, les apprentissages qui pourraient nous servir pour mieux gérer cet avenir en surchauffe »

    Alain Vargas - " Il existe des moyens pragmatiques et constructifs, les plus simples possibles, visant non pas dans un premier temps à faire baisser la température de l'air directement, mais à faire baisser le ressenti de ces températures, ce qui sont 2 choses différentes. Il peut faire 45° dehors, mais sous certains effets techniques, vous pouvez avoir une température ressentie moindre. Donc ce qu'on cherchera par ces moyens passifs c'est à améliorer le confort, la sensation de confort. Par exemples les brasseurs d'air qui sont des ventilateurs placés en plafond et qu'on a vu dans les architectures dites tropicales. Qui produisent un mouvement d'air tel que lorsque cet air circule le long du corps produit un phénomène d'évapotranspiration sur le corps, ce qui abaisse la température de surface de votre corps alors que l'air lui est toujours à 45°. L'histoire de l'architecture recèle d'un certain nombre de dispositifs de ce genre qui ont historiquement la vertu d'être relativement efficaces, mais qui conjoncturellement ne correspondent pas aux différentes réglementations en vigueur."

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    58 mins
  • La soie, du ver aux nouvelles filières
    Oct 23 2024

    Conversation A° avec Isabelle Moulin (SILK ME BACK) et Alec Billon-blouin (STUDIO MAISONNEUVE) par Florian Fompérie.

    Isabelle Moulin : "Les Chinois de l'antiquité ont gardé ce secret très jalousement. C'était très simple, si vous cherchiez à sortir par exemple des graines du pays, on vous coupait la tête, voilà ! On n'avait pas du tout le droit de se rapprocher des lieux de production. Il y avait un vrai mystère, une vraie légende qui entourait la soie."

    Isabelle Moulin : "Pas de soie sans mûrier. Les feuilles de mûrier sont la seule nourriture des verres à soie. Ils sont très difficiles, vous pouvez leur donner de la salade, du Persil, tout ce que vous voulez, ils détournent la tête. Une fois qu'on a un mûrier et un verre ça se passe d'une façon simultanée en fait, au printemps. On va nourrir les œufs de ver à soie qui sont vraiment tout petits au départ, comme des têtes d'épingles, mais qui vont grossir très très vite. Si on imagine que l'on grossissait aussi vite, que les verres à soie, on ressemblerait à des dinosaures. Ce qui est très compliqué c'est que pendant plusieurs semaines il va falloir s'occuper des vers à soie nuit et jour, les nourrir, changer les abris sur lesquels on les dispose avec les feuilles de mûrier pour des questions d'hygiène. Il faut vraiment les bichonner, les dorloter. À tel point qu'on appelle ceux qui s'occupent des vers à soie des éducateurs."

    Alec Billon : "On a un triangle Lyon, Saint Étienne, Roanne, qui historiquement était quand même très textillien. Et qui continue d'une certaine manière de l'être. On a des super super entreprises à Saint Étienne qui se sont développées sur le médical et sur la défense. C'est intéressant de voir comment on pense le textile aujourd'hui. On ne pense pas forcément à ces filières alors que c'est ce qui porte majoritairement notre industrie actuellement. La plupart des matières de luxe créatif viennent d'Italie."

    Isabelle Moulin : "Google a mis en place un programme sur les textiles connectés et qu'il a appelé Jacquard, tout simplement pour rendre hommage aux métiers Jacquard. Leur communication dit, nous Google de la Silicon Valley, on existerait tout simplement pas sans Monsieur Jacquard."

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    28 mins
  • Du commerce de la soie à la fibre optique : l'histoire tissée de Lyon
    Oct 23 2024

    Entretien A° avec Aziza Gril-Mariotte - directrice générale du Musée des Tissus de Lyon par Jindra Kratochvil, suivi du questionnaire anthropocène de Lou Herrmann.

    "A l'époque de François 1er, deux marchands du Piémont obtiennent un privilège et vont introduire l'industrie de la soie à Lyon. Et dès la fin du du 16e siècle, il y a près de 200 tisserands à Lyon."

    "Il va y avoir toute une modification du paysage géographique avec la plantation des mûriers. Ça ne touche pas que la ville de Lyon. Au départ, les fabricants sont plutôt sur la presqu'île. Ensuite ils vont s'installer dans les quartiers Saint Georges, Saint Jean, Saint Paul, le long de la Saône. On est loin encore de la Croix Rousse. La Croix Rousse au début du 19e siècle, c'est une colline avec des vergers."

    "Aujourd'hui dans la région Lyonnaise se sont souvent des entreprises qui se sont transformées en adaptant leur métier après la 2nde Guerre mondiale. Ils ne tissent plus de la soie, ils tissent du métal, ils tissent des fibres optiques. Mais l'origine de leur entreprise ça reste la soie."

    "Jusque dans les années 1980, les fabricants étaient plus importants que les couturiers. Quand on regarde les publicités, par exemple dans les magazines de mode, on a le nom du fabricant et dessous le nom de la marque. Si on prend, des grandes maisons comme Bianchini-Férier, les soiries brochées, etc. Ce sont eux qui finançaient les créateurs de mode et les couturiers."


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    27 mins
  • Déchets : un état transitoire de la matière
    Oct 23 2024

    Entretien A° avec Pierre Desvaux, chercheur en géographie et co-auteur de "Métabolisme(s). Matière en circulation, matière en transformation", paru le 7 octobre 2024 dans la collection “À partir de l’Anthropocène” aux Éditions 205 par Jindra Kratochvil.

    « Réapproprié par la géographie ou l’écologie, le concept de métabolisme désigne la manière dont les sociétés consomment des ressources, les transforment en marchandises et puis les rejettent sous la forme de déchets »

    « Le plastique nous emmène très loin puisqu'il est largement diffusé à l'échelle planétaire »

    « Dans l'économie circulaire, quelque part le déchet n'existe plus ; (…) avec l’idée de métabolisme, le déchet devient un état transitoire de la matière. »

    « Les chiffonniers du Caire c'est une communauté majoritairement chrétienne qui vit en Égypte et qui depuis 60, 80 ans, s'est appropriée le travail du déchet au sens large, c'est à dire le ramassage et la valorisation de certains déchets : (…) historiquement les déchets organiques qui étaient donnés aux cochons, mais aussi les tissus, les os. Leur métier c’était le recyclage ».

    « Le métabolisme, ce n’est pas seulement des matières qui circulent, c'est aussi des groupes sociaux, et derrière des négociations, des transactions (…) »

    « L'introduction des fibres en polyester dans les textiles pose des problèmes parce que ce sont des plastiques de très mauvaise qualité (…) qui ne vont pas supporter le processus de recyclage »

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    21 mins
  • "Ce qui me donne de l'espoir ? L'intersectionnalité des luttes !"
    Oct 23 2024

    On s'engage avec OXFAM - Celine Donot, militante depuis 2018 dans le groupe Lyonnais nous présente les actions et les sujets d'engagement d'OXFAM par Florian Fompérie, suivi du questonnaire anthropocène de Lou Herrmann.

    "Le dernier rapport qui est sorti sur le changement climatique parle d'atténuation et d'adaptation. Il montre que la France n'est pas du tout à la hauteur par rapport aux enjeux environnementaux et dénonce également de fortes conséquences sur les inégalités, aussi bien en France qu’entre les pays du Nord et les pays du Sud, qui sont liées tout simplement à nos modes de vie."

    "Aujourd'hui, tout ce qui est lié à nos modes de vie implique de fortes émissions de gaz à effet de serre et qui vont avoir des répercussions sur les pays des Suds globaux. Ca va avoir un impact sur les rendements agricoles, sur l'accès à l'eau. Et en France également d'ailleurs, où ce sont les foyers les plus modestes qui vont prendre de plein fouet le changement climatique avec du coup des logements insalubres non isolés. On l'a bien vu à Lyon, avec les fortes chaleurs, on a pu le voir aussi avec des événements comme les inondations, et cetera."

    “À savoir que 1% des plus riches captent 2/3 des richesses produites dans le monde. Je parle là pour des chiffres au niveau monde depuis 2020. La fortune des milliardaires a observé une hausse de plus de 58%. Donc les riches deviennent vraiment de plus en plus riches et à côté de ça, on constate que 10% des plus riches sont responsables de 52% des émissions de gaz à effet de serre. Donc ce sont eux les principaux responsables de ce changement climatique.”

    “La fast Fashion ne cesse de de croître. En fait, entre 2005 et 2019, on a on a observé une consommation mondiale qui a doublé. Donc on n'est pas du tout en train de diminuer nos consommations de textile. Cette fast-fashion repose beaucoup, encore une fois, sur des pays ressources, comme le Bangladesh par exemple et bien d'autres. Si on observe la chaîne d'un vêtement, c'est absolument catastrophique. Les moyens de s'en sortir, ça va être la LOW Fashion, ça va êtreles friperies, le le, les vêtements d'occasion… On a quand même une ressource dans le vêtement d'occasion qui pourrait être presque inépuisable.”

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    23 mins
  • Clothe2me : une seconde vie locale pour mes vêtements
    Oct 23 2024

    On s’engage ! avec Mathilde COTTIN - co-fondatrice de Clothe2Me, une boutique lyonnaise de seconde main, vintage et de customisation pour une mode responsable par Lou Herrmann.

    "J'ai créé Clothe2Me avec ma sœur, dans un enjeu de donner une seconde vie aux vêtements qui dormaient dans les placards. On s'est déplacées dans Lyon et ses environs à vélo, et on a donné une chance à ces vêtements, soit d'être recyclés, soit d'être revendus."

    "Ce qui nous plaisait dans la seconde main, c'était aussi le lien social. On a besoin de pouvoir proposer une seconde main qualitative et que les gens puissent venir essayer en boutique."

    "L'enjeu dans ce segment de marché, ce n'est pas de brader le vêtement mais de le valoriser."

    "Il y a à Lyon une vraie dynamique autour de cette question de la 2nde main et de la mode éthique."

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    20 mins
  • L'envers des fripes
    Oct 23 2024

    Entretien avec Emmanuelle Durand - anthropologue et autrice de "L’envers des fripes", paru en 2024 chez Premier Parallèle, une enquête ethnographique sur l’industrie mondialisée du vêtement usagé par Lou Herrmann.


    "On a longtemps rapiécé, rafistolé, et donc porté des vêtements usagés. L'opposition binaire neuf/usagé est une construction sociale et historique. (...) Aujourd'hui on a un renversement de ces gestes, qui deviennent des outils de la transition écologique. On les institutionnalise et on leur redonne une forme de valeur sociale."

    "Les associations se retrouvent face au défi de gérer non seulement une quantité grandissante de vêtements, mais aussi des vêtements de moins en moins bonne qualité. On est passé du don au débarras. C'est aussi le symptôme de la baisse de qualité considérable de la production textile qui se fait à 90% avec des matières synthétiques qui ne durent pas. On se retrouve avec ces filières de fripe qui déguisent en fait des formes de déchets."

    "Fétichiser la marchandise, c'est-à-dire dissimuler les rapports de pouvoir, les relations hiérarchiques qui se jouent au sein de cette filière et y apposer un vernis tout vert, et un peu uniforme."

    "On est sur une économie reproductive certes, mais dans reproductif il y a avant tout productif. Et moi ce qui m'intéressait c'était de montrer qui sont ces personnes qui produisent la fripe."

    "Les marchés de la seconde main accueillent ces vêtements défectueux surnuméraires, ce qui ouvre la possibilité à l'industrie textile de ne pas s'occuper de ses déchets."



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    30 mins