Entretien réalisé en public au Théâtre Les Plateuax Sauvages en septembre 2021
"Les formes du visible" (Seuil, 2021)
Présentation de l'éditeur :
La figuration n'est pas tout entière livrée à la fantaisie expressive de ceux qui font des images. On ne figure que ce que l'on perçoit ou imagine, et l'on n'imagine et ne perçoit que ce que l'habitude nous a enseigné à discerner. Le chemin visuel que nous traçons spontanément dans les plis du monde dépend de notre appartenance à l'une des quatre régions de l'archipel ontologique : animisme, naturalisme, totémisme ou analogisme. Chacune de ces régions correspond à une façon de concevoir l'ossature et le mobilier du monde, d'en percevoir les continuités et les discontinuités, notamment les diverses lignes de partage entre humains et non-humains. Masque yup'ik d'Alaska, peinture sur écorce aborigène, paysage miniature de la dynastie des Song, tableau d'intérieur hollandais du XVIIe siècle : par ce qu'elle montre ou omet de montrer, une image révèle un schème figuratif particulier, repérable par les moyens formels dont elle use, et par le dispositif grâce auquel elle pourra libérer sa puissance d'agir. Elle nous permet d'accéder, parfois mieux que par des mots, à ce qui distingue les manières contrastées de vivre la condition humaine. En comparant avec rigueur des images d'une étourdissante diversité, Philippe Descola pose magistrale ment les bases théoriques d'une anthropologie de la figuration.
Médaille d'or du CNRS, professeur émérite au Collège de France, Philippe Descola développe une ant hropologie comparative des rapports entre humains et non-humains qui a révolutionné à la fois le paysage des sciences humaines et la réflexion sur les enjeux écologiques de notre temps.
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