Le concept de « Système 0 » fait référence à une extension hypothétique des modèles de pensée proposés par Daniel Kahneman dans son livre Thinking, Fast and Slow. Kahneman y introduit deux systèmes de pensée :
- Système 1 : C’est le mode de pensée intuitif, rapide et automatique. Il opère sans effort conscient, en s'appuyant sur des heuristiques (raccourcis mentaux) pour prendre des décisions rapidement, mais parfois de manière biaisée.
- Système 2 : C’est le mode de pensée délibératif, réfléchi et lent. Il demande plus d’effort cognitif et est utilisé pour des tâches complexes qui nécessitent de la concentration et de la logique.
Le concept de « Système 0 » n'a pas été formellement défini par Kahneman, mais certains théoriciens et chercheurs en psychologie cognitive ou en intelligence artificielle l'évoquent pour parler des processus cognitifs qui se déroulent avant même la conscience. Ce serait donc le niveau le plus primitif et inconscient de la pensée, associée à des réponses automatiques du cerveau aux stimuli internes ou externes.
Le Système 0 est souvent lié à des réflexes, des réactions instinctives ou physiologiques, comme l'évitement d’un danger immédiat, ou des fonctions corporelles de base. Il pourrait inclure des comportements évolutifs profondément ancrés qui n'impliquent même pas une réflexion rapide comme dans le Système 1.
En résumé, le « Système 0 » représente les réponses les plus automatiques et inconscientes, avant même la pensée intuitive et rapide du Système 1. C’est une idée qui reste en dehors des cadres formels de la psychologie cognitive classique, mais qui se discute dans des contextes plus récents.
A propos de l’intelligence artificelle, une équipe de chercheurs italiens propose, dans un article publié dans Nature Human Behaviour, d’appliquer ce concept de Système 0 pour décrire l'interaction entre l'humain et l'intelligence artificielle, créant une forme inédite de cognition augmentée. Dans ce système, l'IA se charge du traitement massif des données, tandis que l'humain conserve la responsabilité d'interpréter et de donner du sens aux résultats générés.
Cette extension cognitive, bien que prometteuse, soulève des préoccupations majeures. Les chercheurs mettent en garde contre une dépendance excessive au système 0, qui pourrait éroder notre capacité de réflexion autonome. Le risque principal réside dans une acceptation passive des solutions proposées par l'IA, susceptible d'atrophier notre créativité et notre esprit critique.
Un autre défi majeur concerne les biais inhérents aux systèmes d'IA, notamment en matière de discrimination raciale et de genre. Ces préjugés algorithmiques pourraient insidieusement influencer et déformer le raisonnement humain. Face à ces enjeux, les chercheurs appellent à l'élaboration de cadres éthiques rigoureux pour encadrer l'utilisation de l'IA. Leurs recommandations s'articulent autour de trois piliers : la transparence des systèmes, la responsabilisation des acteurs et le renforcement de l'éducation numérique.
Cette nouvelle dimension de la cognition humaine, enrichie par l'IA, ouvre des perspectives fascinantes mais exige une vigilance accrue pour préserver notre autonomie intellectuelle.
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