Au siège de l’Unesco à Paris s’est tenue la toute première exposition virtuelle de l’IPM, l’« Isis prisons museum », autrement dit le musée des prisons de l’État islamique en Irak et en Syrie, sur la vieille ville de Mossoul en Irak.
Construire cette exposition a nécessité plusieurs années de travail de documentation et de collecte de preuves sur les exactions et les destructions menées par les jihadistes de Daech quand ils ont pris le contrôle de la ville de Mossoul en 2014.
Cette occupation de l’État islamique et le conflit qui en a résulté ont entraîné la destruction de nombreux sites emblématiques. L’exposition reconstitue donc avec l’aide d’images 3D l’architecture de Mossoul en mettant l’accent sur trois bâtiments clés de la vieille ville. On peut voir en immersion la mosquée al-Nouri, la maison Meydan et l’église syriaque, trois monuments qui témoignent de la diversité ethnique et religieuse de Mossoul et qui ont été transformés en prisons par l’organisation État islamique.
Ce travail de longue haleine a commencé en 2017 quand les jihadistes ont été expulsés progressivement du pays. Younes Qays est responsable de l’IPM pour l’Irak, il coordonne sur place le travail de documentation en images et de collecte d’informations sur ce qui s’est passé dans ces prisons. « Ça a été un travail très difficile et c’était très compliqué aussi pour les habitants d’évoquer cette période marquée par les horreurs de l’État islamique, relate-t-il. C’est une période en fait qu’ils veulent oublier, mais il était important aussi pour eux de témoigner. Le but, c’est raconter vraiment l’histoire de ce pays pour qu’elle ne se répète pas. »
Documenter les destructionsL’objectif de cette exposition, c’est aussi de ne pas oublier les événements à Mossoul. Une visite en 3D permet de voir les bâtiments avant et après le passage des jihadistes. Et ce travail de mémoire a été possible grâce à la technologie et l’engagement de bénévoles comme Zaïn Hajahjah, l’architecte irakienne qui a développé les animations 3D pour reconstituer les bâtiments. Elle explique le processus de reconstitution d’une maison familiale traditionnelle transformée en prison : « On a procédé en trois phases. D’abord, en prenant des photographies 3D des bâtiments et des prises de vues aériennes. Ensuite, en exploitant des documents trouvés sur place. Et tout ceci combiné aux nombreux témoignages de prisonniers, de survivants, nous a permis de reconstituer virtuellement le bâtiment tel qu’il était avant l’arrivée des jihadistes et tel qu’il est aujourd’hui. »
Outre les bâtiments, le sort des milliers d’habitants de Mossoul qui ont disparu est aussi au cœur du travail des équipes de l’IPM, qui ont effectué un travail d’enquête minutieux avec l’aide de témoignages qu’ils ont pu recueillir des anciens prisonniers de l’État islamique. En se rendant sur les sites transformés en prison par les jihadistes, les membres de l’IPM ont aussi relevé plusieurs inscriptions sur les murs qui les ont aidés à en savoir plus sur les milliers de personnes disparues. Le but est de rassembler le maximum de preuves et de témoignages sur les violations des droits humains pour qu’elles puissent être utilisées, un jour, devant les tribunaux.
L’exposition Trois Murs est accessible en ligne sur le site de l’Isis Prisons Museum.
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