• Le Podcast des Voyages ordinaires, épisode 2
    May 31 2022
    ... Nous sommes semblables par ce qu’on ne raconte pas. Tout événement, au sens historique, ou narratif, crée de l’obtus, de l’individu, du choix, du spectacle peut-être - mais de l’obtusion. De l’incompréhensible. Du sujet. Quand on regarde un reflet, une couleur, une transparence, on peut jouer à se dire que l’on ressent la sensation de tous ses spectateurs, qu’ils datent de quatre siècles, ou qu’ils viennent dans quatre siècles : une même sensation gravée, comme un souvenir d’éternité, au cœur des hommes. Peut-être même plus : dépassant toute origine humaine... Retrouvez le roman des Voyages ordinaires (Tome I) en librairie, ou commandez-le ici en ligne.
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    9 mins
  • Le Podcast des Voyages ordinaires, épisode 3
    Jun 30 2022
    ... L’Histoire est triste. Elle est banale dans ses emballements, dans son empressement à l’exceptionnel. Elle est remplie d’enfants qui veulent vous montrer qu’ils ont fait le plus beau dessin du monde. Elle s’enfle d’exploits. Elle est peuplée d’hommes et de femmes d’État, de voleurs et de criminels qui se ressemblent tous et toutes dans la volonté de ne pas être oubliés. Et le plus triste, dans ce besoin commun de se tourner hiérarchiquement vers l’exceptionnel, n’est même pas de vouloir s’extraire de son ordinaire, de sa routine d’être : encore que cela relève d’une curiosité presque intrépide au départ. Le plus triste, c’est le vide révélé, comblé trop rapidement, comme l’on cache des poussières sous un tapis pour dire qu’on a fait le ménage. La plupart du temps, une fois sorti de ses habitudes, chacun tombe dans de mauvaises histoires, déjà vues, toujours pour la plupart déjà écrites. Toutes les tragédies ont déjà été écrites. Retrouvez le roman des Voyages ordinaires (Tome I) en librairie, ou commandez-le ici en ligne.
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    10 mins
  • Le podcast des Voyages ordinaires, épisode 4
    Aug 31 2022
    Pour la reprise du Podcast des Voyages ordinaires, et son retour à la publication régulière, une chanson de circonstances, une chanson de saison, célébrant la mélancolie de Léo, avec l'ami Wasaburo... Au dernier jour de l'étéAux morsures secrètesSous la vitre on devineLe bruit d'un nuageAinsi va le mondeIl nous roule bien un peuLa vie est un bouquet d'immédiatsQui s'ouvrent et qui se fanentToujours la même histoireDe souvenirs mêlésA la saveur du jourles ombres qu'on aimait La faute à rien si le tempsA tourné sa roueSi nous voilà plus vivantsQue d'anciens sentimentsLumières effeuilléesdes amis perdusL'été fut si longMais n'en parlons pasOn se saoulera demainAu grand cru d'oubliDans ce refrain d'habitudesQu'on ne comprend plus Les chagrins si profondsDont le cœur nous lesteSont plus légers qu'on le ditPuisqu'ils disparaissentOh ! fleurs de chaque instantQu'on a déjà cueilliesOh ! saules consolésQui ne se reconnaissent plusA-t-on assez vécuSous la voûte d'un rêveSommes-nous toujours les mêmesOu nous sommes nous perdus Dernière baignade d'étéDans un pli du bonheurUn peu plus loin on devineQuelques échafaudages (Paroles et musique : F. Lozet - adaptation japonaise : Wasaburo - Piano : William Lecomte)
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    4 mins
  • Le Podcast des Voyages ordinaires, épisode 5
    Oct 1 2022
    Monsieur Michaux, au début de l’été 1936, on va l’imaginer comme un homme sans visage, mais avec un chapeau, et qui marche sur le trottoir en regardant de loin les sorcelleries du monde autour de lui : il dépasse maintenant l’emplacement du Café Cousin, qui avait servi à ses clients au cours du siège de 1870, pour le déjeuner de Noel, de la tête d’âne farcie, du consommé d’éléphant, des goujons frits, du rôti de chameau, du civet de kangourou, des côtes d’ours sauce poivrade, un cuissot de loup sauce chevreuil, du chat flanqué de rats, et de la terrine d’antilope...
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    8 mins
  • Le podcast des Voyages ordinaires, épisode 6
    Nov 23 2022
    Plus perçante est la vue, moindre est la profondeur » se dit ce soir-là Yakumo, cherchant ouvertement à se consoler de son irréparable myopie. On rêve plus quand on voit moins. Il avait posé ses lunettes sur la table d’écriture, à côté du pinceau, et après s’être frotté le visage à deux mains il se tenait face à la fenêtre ouverte, qui faisait, sur la surface du mur (vert-de-gris, mais comme un ciel tendu, avec des reflets de cuivre donnés par l’électricité de la lampe, à travers lesquels il pouvait imaginer un paysage de plantes qui luisent au soleil comme des jets d’eau), la fenêtre donc qui faisait une sorte de carré bleu sombre d’où il percevait les algues noires de ce qu’il savait être des feuillages. Du plus lointain de l’invisibilité lui parvenaient quelques chants d’oiseaux. Deux êtres se répondaient. Il entendait plus distinctement encore des frôlements d’insectes, des frottements plus semblables à des cris quand ils s’en prenaient en escarbilles à l’ampoule jaune et crue sous l’abat-jour. A cet instant, il eut la sensation que l’extériorité disposait d’une intimité. Il eut l’impression d’une présence du monde. Mais après avoir remis ses lunettes, ce paysage si simple lui était redevenu un espace extérieur. Cependant, il se sentait comme un jardinier, qui sait d’instinct que les plantes qu’il a semées et qu’il cultive s’épanouissent et mûrissent - dans le temps - et en lui-même en pensées presque autant...
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    8 mins
  • Le Podcast des Voyages ordinaires (2), saison 2, épisode 1 – Lisa Sartorio
    Mar 30 2023
    C’est par le regard qu’on éprouve en premier lieu comment se crée une fiction : parce que le regard définit une zone de projection possible, une zone de lancer, une zone inatteignable, puis une ligne d’horizon, une zone d’effacement. On en fait l’expérience en marchant : cet arbre-là, je puis l’atteindre en quelques minutes, ou bien en quelques heures si on est en montagne, au loin ce bateau m’échappe pour de bon, et nager ne sert à rien : il y a un inatteignable réparé dans la fiction, jusque dans la fiction amoureuse. Mais au-delà encore, au-delà d’une distance d’imagination, tout devient parfaitement indifférent. Cela n’est même pas un décor d’étoiles, car les étoiles font rêver. C’est un décor où plus rien ne fait image, une étrangeté absolue, un dessous de feuille morte déjà proche de l’humus, de l’informe dont on pense ne pouvoir jamais rien tirer... Pour découvrir le travail de Lisa Sartorio, en ce début de printemps, rdv au Grand Palais éphémère, lors de la manifestation Art Paris Art Fair, stand A8, du 29 mars au 2 avril prochain (Grand Palais, Paris 7e).
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    3 mins
  • Le Podcast des Voyages ordinaires (2), saison 2, épisode 2 – Wasaburo
    Apr 6 2023
    A Kyoto, le jeu commençait à la nuit tombée. On allumait dans la pièce une centaine de bougies. Puis on ouvrait le grand livre des cauchemars. On commençait en riant par se raconter un épisode. On soufflait une bougie. On s’en racontait un autre. On soufflait une autre bougie. Après chaque histoire, et tandis que la pénombre se faisait progressivement plus dense, les apparitions devenaient plus affreuses. Le silence était chaque fois plus long après les rires nerveux, et on acquiesçait vite à la morale, à la damnation de l’amoureuse infidèle ou du criminel tourmenté. Et la nuit continuait de monter. Après deux heures, esprits, monstres, yūrei et yōkaï bougeaient aux coins de la pièce. A la surface de l’eau, un revenant fontinal remplaçait les reflets de visage de passants par le sien, et ses horribles souvenirs prenaient possession de vous. Des créatures ophidiennes s’introduisaient dans les maisons pour vous mordre le cœur ou le sexe. Une femme abandonnée se laissait mourir de faim puis sortait de sa tombe pour vous accueillir et vous faire à manger. En le comprenant, vos cheveux blanchissaient sur le coup. Le bonze accroupi dans le noir et qui vous parlait il y a un instant encore était mort depuis des années. La dernière bougie éteinte, nous étions tous plongés dans le noir. Les esprits étaient conjurés. Pour découvrir Wasaburo, pour les plus chanceux, allez le voir chanter au Studio Ki-Yan à Kyoto le 18 avril prochain à partir de 18h, avec Toru Nakajima au trombone et Yu Ma au violon - ou le 8 mai à Kawanishi, préfecture de Hyogo, Asté Hall, concert à 14h.
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    5 mins
  • Le Podcast des Voyages ordinaires 2, saison 2 – JuliE GAsnieR
    Apr 13 2023
    Portrait d’instant. Rue Saint-Maur, à Paris. Fin de printemps. L’air est saturé de pollens et de gaz d’échappement. Au premier étage d’un immeuble, au-dessus du maigre auvent rouge (qui a voulu faire riche, mais que le passage du temps a rendu sale, et signe à l’inverse l’ambition perdue) surplombant une terrasse de café, je surprends dans l’encadrement d’une fenêtre ouverte une jeune femme qui écrit un texto. Elle tient une cigarette à la main. Aucun passant sur le trottoir ne la remarque. Elle ne remarque personne dans la rue, qu’elle ne regarde pas au reste. Est-elle vraiment là, prise dans sa conversation avec un interlocuteur lointain dont peut-être déjà elle imagine la réponse, et que ressent-elle, machinalement, du vent qui lui soulève légèrement les cheveux, du climat du jour, des discussions qui doivent à moitié lui parvenir des clients attablés, du moteur des voitures qui déplacent leur ombre, ou du regard qui s’attarde sur elle ? Un instant, elle lève les yeux, me regarde, me sourit. Je lui souris aussi et je passe mon chemin. Un peu plus loin, je vois un gamin de cinq ou six ans assis sur sa chaise les jambes ballantes. Il boit un verre d’eau. Je pense à l’atome d’hydrogène, venu de si loin, formé peut-être pendant les âges sombres de l’univers, au cours de la nucléosynthèse primordiale des premiers temps de la naissance du monde : et l’instant, dans sa constellation d’êtres et de choses, particules fantômes incluses, semble si parfait que j’en oublie enfin de penser au souci du jour. Que dire de JuliE GAsnieR ? Si vous ne la connaissez pas, il vous faut la connaître. Cela tombe bien, elle sort son album perso "Feux de nuit" le 28 avril, avec un concert de sortie à l'ermitage (Paris 19) le 9 mai à partir de 20h. En attendant, retrouvez-la sur sa chaîne Youtube.
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    4 mins