• La fabrique des fake news

  • By: RFI
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La fabrique des fake news

By: RFI
  • Summary

  • Plongée, cet été, chez les maîtres de l’« info bidon » et autres concepteurs de trolls informationnels. Avec nos reporters sur le terrain, immersion et compréhension de ce que sont les faux comptes internet à Bangui, ces fermes à trolls à Accra ou bien le jeu que joue la diaspora soudanaise dans la dissémination de fausse infos.

    Diffusion du 29 juillet au 9 août du lundi au jeudi à 22h 52 et 7h 24 TU.

    France Médias Monde
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Episodes
  • Fernando Cerimedo, l’homme de l’ombre derrière la désinformation en Amérique latine
    Aug 9 2024

    Notre série sur la fabrique fakes news nous emmène aujourd’hui en Amérique du Sud, sur les traces de Fernando Cerimedo… Cet Argentin de 43 ans se présente comme le nouveau consultant de la droite latino-américaine, mais s’est surtout fait remarquer pour les fakes news qu’il a diffusé lors des dernières élections en Argentine, au Chili et au Brésil. Son portrait, par Théo Conscience.

    Un mystère… Même pour les journalistes qui ont enquêté sur lui, Fernando Cerimedo reste insaisissable. « Il est apparu de manière presque fantomatique : il est sorti de nulle part, et il a réussi à s’installer sans qu’on sache grand-chose sur lui ». Ivan Ruiz appartient au Clip, le Centre latino-américain d’Investigation journalistique, qui a dirigé une enquête à laquelle ont participé des médias d’une quinzaine de pays sur celui qui se revendique comme le nouveau consultant de la droite latino-américaine. « Il est passé d’être employé d’une agence de publicité en 2018 à avoir quatre ans plus tard plusieurs entreprises qui emploient selon lui près de 200 personnes », dit-il.

    Un empire médiatique au service de la désinformation

    Parmi ces entreprises, on trouve notamment une agence de publicité, une académie de marketing digital et politique, une entreprise de sécurité privée, et une trentaine de sites web, dont le média La Derecha Diario. « La Derecha Diario a clairement désinformé pendant les élections au Chili, en Argentine et au Brésil. À partir du suivi de tous les fakes news que nous vérifions, nous avons identifié ce média comme un désinformateur important ». Martin Slipczuk est coordinateur des éditions spéciales chez Chequeado, un média de fact-checking argentin qui a participé à l’enquête du Clip. Après avoir désinformé pendant la pandémie de Covid-19, Fernando Cerimedo se fait remarquer en 2020 en diffusant de fausses informations durant le processus référendaire au Chili. Mais son véritable coup d’éclat intervient lors de l’élection présidentielle brésilienne de 2022. « Beaucoup des émeutes pro-Bolsonaro qui ont eu lieu après l’élection ont été alimentées par des fausses informations diffusées par Cerimedo au sujet du système de vote et de supposées fraudes. La justice brésilienne enquête d’ailleurs actuellement sur le rôle qu’a joué Cerimedo ».

    L'ombre de Cerimedo plane sur la présidence de Javier Milei

    Quelques mois plus tard, alors que Fernando Cerimedo est désormais en charge de la communication de la campagne présidentielle de Javier Milei, le même narratif de la fraude électorale s’installe en Argentine observe Martin Slipczuk. « Des secteurs proches de Javier Milei ont commencé à remettre en cause le système électoral et à dénoncer des supposées fraudes. Il y a eu beaucoup de désinformation à ce sujet, mais ce discours n’est pas allé aussi loin qu’au Brésil ou aux États-Unis, certainement en raison du résultat des élections qui a donné Milei vainqueur ».

    Depuis l’élection de Javier Milei, l’ombre de Fernando Cerimedo continue de planer au-dessus du gouvernement argentin. Si lui-même n’occupe aucun poste officiel, le directeur de la communication digitale de la présidence, Juan Pablo Carreira, est l’un des fondateurs de la Derecha Diario. Selon la sociologue et spécialiste de la communication sur les réseaux sociaux Natalia Aruguete, son profil de troll, ou d’agitateur sur les réseaux sociaux est l’une des caractéristiques de l’équipe de communication de Javier Milei. « Carreira est un exemple, mais il a plusieurs autres jeunes influenceurs qui ont intégré l’équipe de communication du gouvernement, tout en conservant les pratiques qu’ils avaient auparavant ».

    Natalia Aruguete souligne qu’au-delà de la désinformation, ces influenceurs se caractérisent également par leur agressivité sur les réseaux sociaux et se coordonnent pour mener des campagnes de harcèlement destinées à amplifier les attaques contre les adversaires de Javier Milei.

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    3 mins
  • Centrafrique: l'essor des fake news et la riposte des fact-checkeurs
    Aug 8 2024
    Nouvel épisode de La fabrique des fake news, consacré à la désinformation partout dans le monde. Nous allons aujourd’hui en Centrafrique, qui fait face, ces dernières années, à une forte augmentation des campagnes de désinformation. Avec des milliers de faux profils, qui contribuent à la propagation de cette désinformation, ou à l'orchestration de conflits pour des intérêts politiques et géopolitiques. Alors pour les contrer, plusieurs cellules ont été créés. Elles sont constituées de journalistes, d'acteurs de la société civile, ou encore de chercheurs, qui se transforment en chasseurs de faux comptes et de fausses informations. Avec notre correspondant à Bangui, Rolf Steve Domia-leuDans cette grande salle du Consortium des journalistes centrafricains de lutte contre la désinformation, une dizaine de fact-checkeurs sont aux aguets. Chacun devant un ordinateur, se lance dans la détection et la chasse aux faux comptes. Ce matin, l'équipe est à la trousse d'une dizaine de comptes suspects qui ont émergé ces derniers temps. Concentré devant son écran d'ordinateur, Arsène Mosseavo, journaliste-fact-checkeur montre la procédure qu'il adopte. « Pour déceler un compte avatar, j'utilise plusieurs paramètres et mécanismes. Je prends l'exemple de Google image que nous utilisons. Si vous faites la vérification sur ce moteur de recherche, vous verrez clairement les images vraies et les fausses images. Ces derniers temps, nous constatons l'émergence des comptes avatars qui existent au profit de certains hommes politiques, de certaines représentations diplomatiques, de certaines organisations pour des questions d'intérêts, beaucoup plus pour nuire aux adversaires ou à des institutions internationales qui sont ici en Centrafrique », explique-t-il.En Centrafrique, les faux comptes sont utilisés par des acteurs malveillants afin de susciter anonymement des controverses sur divers sujets. Ils font subir aux victimes des atteintes à leur vie privée, des dommages à leur réputation et même des préjudices émotionnels. Les faux profils sont également utilisés à des fins d'arnaque, les victimes peuvent subir des pertes financières importantes. Dans le contexte actuel, le combat s'avère difficile mais les fact-checkeurs ne comptent pas baisser les bras. Et pour faciliter la tâche, ils collaborent avec les responsables des réseaux sociaux. « Pour lutter contre l'existence des faux comptes, le plus simple c'est aussi de les signaler. Parfois, ces gens se cachent derrière le profil d'une personnalité, pour faire croire que c'est son compte Facebook, alors que cette personne n'a pas un compte Facebook. Donc nous signalons ce genre de comptes après enquêtes afin qu'ils soient systématiquement supprimés ou bloqués », indique-t-il.Centrafrique-Check en première ligneOn dénombre aujourd'hui plusieurs milliers de faux comptes en Centrafrique. Centrafrique-check est une autre organisation qui lutte contre la désinformation et les faux comptes. C'est ici dans cette petite salle de 10m2 que les acteurs travaillent. Elle est équipée de quelques ordinateurs, une dizaine de chaises et deux tables. Sa directrice Line Britnay Ngalingno nous décrit les caractéristiques d'un faux compte. « Les faux comptes sont généralement des comptes falsifiés sur les réseaux sociaux contenant des fausses informations. Voici l'exemple d'un faux compte que nous avons décelé sur cet écran. On remarque toujours que la personne se fait passer pour quelqu'un d'autre pour arnaquer. Dans notre lutte, nous faisons face à deux types de faux comptes. Dans le premier cas, il y a ceux qui représentent une personne réelle et deuxièmement, il y a ceux qui représentent une personne fictive. Nous travaillons avec des moyens limités. Pour déceler ces comptes, nous développons toujours le doute et l'esprit critique vis-à-vis de certains comptes sur les réseaux sociaux. Nous nous posons la question de savoir : est-ce que la personne qui publie cette information est réelle ou fictive ? Autant de questions pour aboutir à la vérité. Les faux comptes que nous démasquons ont toujours une date de création récente. Ils n’ont pas assez d'actualités et pas beaucoup de photos ».Chaque fact-checkeur est attentif à certains signes et indices qui alertent sur l'existence d'un potentiel faux compte. « Il y a des logiciels qui permettent de détecter les faux comptes mais nous sommes loin d'avoir ces moyens. On fait avec les moyens du bord. Jusque-là, pour révéler l'identité d'une personne cachée derrière un faux compte, nous sommes obligés d'utiliser quelques indices. La première étape est d'examiner le profil d'utilisateur. C'est-à-dire, regarder attentivement le profil du compte. Parfois les personnes utilisent des photos ou des informations qui peuvent nous donner des indices sur leurs identités. Les faux comptes partagent toujours des informations similaires sur ...
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    3 mins
  • Les pays baltes, cibles de campagnes de désinformation
    Aug 6 2024

    Les pays baltes, dans le nord de l’Europe, se trouvent être la cible de campagnes de désinformation, principalement orchestrées par la Russie, voisine immédiate. Quel est le contenu de ces campagnes ? Comment est-il produit ? Notre correspondante à Vilnius nous livre quelques pistes de réponses.

    Dans les bureaux du département de communication stratégique de l’armée lituanienne, Ingrida passe sa journée les yeux rivés sur son ordinateur. Elle travaille comme analyste et traque les campagnes de désinformation qui ciblent la Lituanie. « Les propagandistes ont diffusé l’information via les réseaux sociaux, des faux documents et photos, il y avait des décrets officiels falsifiés qui ordonnaient l’envoi de soldats en Ukraine. Avec ces fausses informations, on cherche à distiller la peur et à provoquer la méfiance vis-à-vis des autorités locales. »

    Mais d’où viennent ces fausses informations ? Nerijus Maliukevicius est chercheur à l’université de Vilnius. Les fausses informations, c’est sa spécialité. « En 2005, on pouvait remarquer que certaines institutions de l’administration présidentielle sous Poutine étaient responsables, par exemple le département pour les liens culturels avec les pays voisins. On y développait la stratégie, les thèmes et même les outils. Ce département fournissait des articles gratuitement pour la presse en russe dans les pays baltes. Ainsi, une nouvelle réalité a été formée. »

    Utilisation de l'intelligence artificielle

    Ensuite, il y a eu l’étape des usines à trolls, ces lieux où les employés inondaient de commentaires pro-russes les publications en ligne. Désormais, l’intelligence artificielle alimente les faux comptes sur les réseaux sociaux. Janis Sarts dirige le centre d’excellence de l’Otan sur la communication stratégique en Lettonie. « Les autorités baltes sont très volontaires sur cette question, être un maillon de la diffusion de la propagande russe a des conséquences. C’est une des raisons à mon avis pour laquelle on ne trouve pas d’usines à trolls ici dans les pays baltes. »

    Pour limiter la diffusion, les États baltes ont aussi interdit la retransmission des chaines de télévision russes. Daniela Vukcevic travaille pour Debunk, une organisation lituanienne luttant contre les fausses informations. S’il est impossible de les désamorcer avant leur apparition, il n’existe qu’une solution : « Les mensonges circulent toujours plus vite que la vérité. L’éducation aux médias est essentielle et il faut que cela fasse partie des programmes scolaires. »

    Pour le chercheur Nerijus Maliukevicius, la question de la responsabilité n’est jamais soulevée. « Pourquoi les autorités ne pourraient-elles pas révéler, comme elles l’ont fait avant l’attaque russe sur l’Ukraine, en février 2022, comment ces opérations de désinformation sont menées ?, interroge-t-il. Je pense que nous sommes impliqués dans un nouveau type de guerre. »

    Une guerre que les pays baltes subissent depuis longtemps et qu’ils prennent très au sérieux.

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    3 mins

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